Bocas Del Torro : ou comment finir au paradis
Pour ma dernière étape au Panama, j’ai choisi d’aller dans l’archipel de Bocas Del Torro, au nord-est du pays, en pleine mer des Caraïbes. La raison de ce choix ? Parce que les copains de O’Tour Du Monde ont un éco-lodge là-bas, et que ça semblait être un petit coin de paradis où il ferait bon finir ce long périple. Et spoiler, c’en était bien un ! (je vous présenterai leur hébergement dans un article à part, parce que ça le vaut bien largement !)
Arriver à Bocas Del Torro
Depuis Boquete, j’avais réservé via mon auberge, une navette pour aller à Bocas Del Torro. Et ce fut toute une aventure.
Déjà, moi, quand on me dit « navette », je pense à un bus, petit ou grand, peu importe, mais à un bus. Ce matin-là, j’attends donc au bord de la route ma navette, aka, mon bus. Mais ce n’est pas un bus qui est venu me chercher. C’est un grand type costaud, sorti d’une vieille grosse bagnole américaine des années 80 (genre les bagnoles des policiers dans les séries comme l’Agence Tout Risque ou Starsky & Hutch), toute pimpée, tunnée, et de couleur rose Barbie. J’avoue que j’ai eu un coup de pression qui est monté quand il m’a demandé si c’était moi qui allais à Bocas.
J’ai quand-même pris le risque de monter dans cette voiture rutilante, qui me mena dans une agence de tours organisés, où m’attendait une véritable navette, un minibus…
Après avoir pris le départ, nous avons récupéré quelques autres personnes dans une autre auberge. Dont un type des plus irrespectueux. Il demande s’il a le temps d’aller prendre un café à emporter, on lui dit que non, et qu’en plus les boissons ne sont normalement pas acceptées dans le bus, mais il profite de la lenteur d’autres passagers pour quand-même aller se prendre son latté.
Il n’a pas arrêté de parler, racontant sa vie à qui voulait bien l’écouter.
Le trajet pour aller à Bocas depuis Boquete est long, car il traverse les montagnes. Cela permet de voir une autre facette du pays, un peu plus rustique. Ici, les gens qui y vivent ne sont pas des étrangers immigrés. Ce sont les communautés indigènes qui vivent dans des maisons de bois sur piloti où eau courante et électricité ne sont pas automatiques.
La fin du trajet en bus se fait à Almirante. Petite bourgade sur le continent. De là, nous prenons un bateau pour aller dans la ville de Bocas Del Torro, la principale ville de tout l’archipel située sur l’Isla Colon. Durant ce trajet, notre touriste préféré nous a encore ébloui, se servant une bière à lui et ses fils avant même que l’on démarre, et imitant le cri d’un singe quand nous passions près de deux pêcheurs panaméens, installés dans leur barque. Je crois que plus raciste, tu meurs. Cela m’a fait penser à une histoire qu’il y avait eu quand j’étais en Australie durant mon tour du monde (ça ne date pas d’hier), où une adolescente avait fait la même chose lors d’un match où un aborigène jouait dans l’une des équipes. Ce dernier avait interrompu le match pour la retrouver, et la pointer du doigt. Je crois même qu’il y avait eu des poursuites judiciaires (mais à vérifier).
Enfin arrivés dans la ville de Bocas, je me débarrasse avec grande joie de la compagnie de ce type et prends un bateau taxi pour rejoindre l’île de San Cristobal, où se trouvent les copains et leur bel établissement. Le « chauffeur » se met à chanter, ça calme un peu mes nerfs. Et je suis accueillie à El Caribeo avec une extrême gentillesse, c’est sûr, je suis bien arrivée au paradis !
La vie au paradis peu commencer.
Arrivée et premières activité
Étant arrivée en début d’après-midi, mon premier jour fût consacré au repos, à un plouf dans la piscine, et l’organisation (théorique) des activités des prochains jours. Et aussi un peu à l’admiration des pélicans qui viennent pêcher juste devant la maison.
Jour 1 : culture et cacao
Après une première nuit très agréable dans un lit super confortable, j’ai participé à une visite d’une finca de cacao, La Nöba Chocolate Farm, dans la communauté Ngäbe-Buglé. Ici, ce sont les femmes qui gèrent. Ce sont elles qui managent le personnel sur la ferme de cacao, qui font les visites guidées, les repas, et surtout, qui récoltent l’argent des visites touristiques (30 dollars pour celle-ci). Installées il y a quelques décennies, le village est composé de plus d’un millier de personnes aujourd’hui. Ici aussi, les maisons sont rudimentaires, mais on trouve quand même une boutique de vêtements !
La visite peut être faite en anglais. Mais ce jour-là, la personne parlant anglais ne pouvait être là. Donc j’ai fait la visite tout en espagnol. Et finalement, j’ai à peu près compris ce qui m’a été expliqué. Mais ne me demandez pas de répéter.
Ma jeune guide m’a présenté les cacaotiers, les cabosses, les fèves de cacao. Elle a même trouvé une jolie grenouille à me montrer.
Après une petite balade au milieu de la plantation, me voilà de retour au point de départ. Sous un toit de taules, un four à bois est installé, où la grand-mère fait torréfier les fèves de cacao. Puis, nous trillons ensemble ces fèves et enlevons les coques. La graine qui reste, elle les broie sur une pierre plate, avec un pilon en pierre. Elle en fait quelques-unes. Et me laisse faire le reste. C’est bien de faire sa propre pâte de cacao. Mais je vous garantis que ça demande de la force dans les bras. Chose que je n’ai pas vraiment…
Avec cette pâte fraichement broyée, je la regarde faire des boules de cacao, enrobées de noix de coco râpée. Je n’ai pas retenu la recette, mais c’était naturellement sucré, et délicieux.
Sous l’abri d’à côté, elles ont étalé des objets artisanaux qu’elles fabriquent : bandeaux pour cheveux, bijoux divers… j’ai opté pour des paires de boucles d’oreilles de toucan et perroquet. Et de trois autres pains de pâte de cacao, pour ramener à la famille.
Dans la visite est inclus un repas maison, préparé par la sœur, ou la mère, je ne sais plus, de ma guide. C’était délicieux. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, on m’a ramené à mon logement pour la digestion.
J’ai encore une fois profité de la piscine, me suis assoiffée à force de parler, et me suis reposée, car la pluie s’était invitée pendant un moment. J’ai profité du hamac sur ma terrasse. Ce bonheur n’a pas de prix !
Jour 2 : de l’eau, de l’eau, et du snorkeling
Pour cette deuxième journée, les nuages ont décidé de rester et d’encore nous arroser. Mais j’ai profité d’une accalmie dans la matinée pour faire du snorkeling depuis le pontant du lodge.
Armée de mon masque Decathlon, me voici partie pour explorer les fonds marins de la mer des Caraïbes. Les petits poissons sont visibles dès l’entrée dans l’eau trop très chaude. Maintenant, il faut passer par-dessus les algues pour aller plus loin et en voir plus. C’est ça le plus difficile, pour moi en tout cas. Je respire, rentre le ventre comme je peux, et fini par franchir cette barrière verte. Et là, je vois à nouveau plein de poissons multicolores. C’est splendide.
Cependant, quand j’arrive au bord de la crevasse, où plutôt, à l’endroit où les profondeurs se font plus obscures, un vent de panique me saisie, et je ne suis pas allée plus loin. J’ai longé la barrière de coraux pendant une heure, pris beaucoup de photos floues. C’était beau.
Revenue à la réalité, je profiterai à nouveau de la piscine et du hamac. Avec une petite promenade dans le jardin en prime pour admirer tout le travail des copains et de leur jardinier.
Et j’ai même eu la chance de voir un paresseux pour la première fois de ma vie !
Jour 3 : Plage, vague et tasse
Pour ce troisième jour, je décide de prendre un bateau taxi pour aller sur une autre île, l’isla Bastimentos. C’est là que se trouve la Red Frog Playa, une plage réputée pour … ses grenouilles rouges.
Bon, je ne vais pas vous faire languir, je n’en ai pas vu une seule. C’est à peine si j’ai vu des tortues dans une petite mare le long du sentier qui mène à la plage. Mais c’est un endroit bien sympathique où passer la journée.
Le bateau taxi me laisse sur la rive sud du centre de l’île. Pour traverser, il y a un sentier, mais comme il est sur un terrain privé, il faut payer un droit d’entrée : 5 dollars.
Il faut un quart d’heure pour traverser l’île. Arrivée à destination, une belle plage s’offre à ma vue. Il n’y a pas beaucoup de monde, une aubaine pour moi. Il y a un hôtel restaurant d’un côté du sentier, un petit snack de l’autre, mais ce dernier est fermé.
Je m’installe donc pour faire un peu bronzette avant d’aller faire trempette. J’avoue que mon expérience à Pedasi m’a légèrement refroidi. Donc je m’aventure dans l’eau chaude avec prudence. Les vagues sont plutôt fortes. Un ami rencontré à Lisbonne m’avait dit de me méfier des courants dans le coin, il avait vu un homme manquer de se noyer. Ici, il n’est pas vraiment question de nager, à moins d’avoir un masque et un tuba.
Alors ma première baignade se passa bien. La deuxième, comment dire… Vous voyez ce GIF où une personne se fait plaquer par une vague arrivant dans le dos et finie sous l’eau à moitié noyée ? Eh bien, ce fût moi ce jour-là. J’ai bu la tasse, ma casquette et mes lunettes, que j’avais gardé sur le nez et la tête, ont été emportées, et je les ai récupérés par je ne sais quel miracle. Bref, ceux qui m’ont vu ont dû bien rigoler.
Sur la route maritime du retour, j’aurais la chance d’apercevoir un dauphin non loin de mon bateau. C’était furtif, mais c’est ça qui fait la beauté du voyage. Pour l’aller-retour en bateau, comptez minimum 60 euros.
Jour 4 : Ville et shopiping
Nouvelle journée, nouveau programme. Je décide de reprendre un bateau taxi pour retourner sur Isla Colon, l’île principale de l’archipel, et visiter sa ville : Bocas. Elle se visite assez rapidement, principalement parce qu’actuellement, elle est tout en travaux. Les quelques rues principales où se concentrent les hôtels et commerces longent le bord de mer.
Les bâtiments et les maisons ont un style bien caribéen et son sent bien l’influence coloniale. C’est coloré, c’est joli.
Je fais quelques boutiques pour trouver les souvenirs à ramener à la famille. Et un peu à moi aussi. Mais comme j’ai toujours mal au dos, je me pose régulièrement, soit dans une boulangerie, soit dans un salon de thé/café, tout frais tout neuf, où un chat vient me tenir compagnie.
Mais les gros nuages noirs qui s’approchent me font écourter ma visite. Par chance, je tombe sur le même chauffeur de bateau-taxi qui m’avait mené à Red Frog. Ca m’évite d’avoir à me frayer un chemin entre les rabatteurs (parce qu’ils essaient vraiment de se piquer les clients, même quand on a déjà choisi, c’est du vécu).
Me voilà de retour juste à temps pour éviter d’être trempée par la pluie qui nous arrose, encore une fois. cela me permet de me reposer.
Jour 5 et 6 : Retour à la maison
Mon dernier jour se limitera aussi à du snorkeling au pied du lodge et des ploufs dans la piscine. Mais c’est aussi pour ça que je suis venue ici. Être au calme pour me reposer, et recharger les batteries après ce début d’année compliqué.
Ma meilleure amie pendant une semaine !
Puis, vient la fin de mon séjour. J’avais opté pour le bus au lieu de la voiture pour limiter l’empreinte carbonne de ce voyage. Mais j’avais mal calculé mon coup, et le trajet retour à Panama City était beaucoup trop long pour le faire en une journée et surtout, pour arriver à temps pour prendre mon avion.
Du coup j’ai pris un petit avion pour faire la liaison Bocas Del Torro-Panama City, dont le trajet se fait en une heure.
Pour rentrer à la maison, j’ai donc dû :
- Prendre un bateau Taxi pour arriver sur Isla Colon.
- Prendre un taxi pour aller jusqu’à l’aéroport, même si ce dernier n’est qu’à quelques kilomètres (mais avec un mal de dos et un sac de 18 kilos, pas question de faire ça à pied).
- Prendre un avion pour faire Bocas-Panama City, aéroport Albrook-Gelabert
- Prendre un autre taxi pour rejoindre l’aéroport international de Tocumen
- Prendre un avion pour faire Panama City-Madrid, où l’avion était un peu plus confortable qu’à l’aller, et j’avais un peu plus de place car pas de passager à côté de moi;
- Prendre un avion pour faire Madrid-Marseille, où j’ai testé la première classe d’Iberia (par erreur, je voulais cette première classe pour le long trajet);
- Prendre deux bus pour arriver à Sisteron, et attendre mon frère pour me ramener enfin chez moi.
Autant vous dire que mon dos m’a bien fait comprendre qu’il n’aimait pas ça, et que j’ai bien dormi ce soir-là.
Et voilà, c’est la fin de ce voyage, la fin aussi de ce récit. Ce fût un beau voyage, bien que frustrant. Je n’avais pas beaucoup d’attentes, mais après trois semaines là-bas, j’ai maintenant beaucoup d’envies. Et pour moi qui ne supporte pas la chaleur, avoir envie de retourner au Panama, ça veut dire beaucoup. Vivement que j’y retourne !
J’avoue que l’épisode du mec barraqué dans la voiture rose Barbie m’a bien fait rire ! J’aurais adoré voir l’exploitation de cacao (la fanatique de chocolat que je suis se lèche les babines).
Sur le moment, je te garantis que je riais jaune ! L’exploitation de cacao c’est vraiment une chouette expérience.