Bilan or not bilan, telle fût ma réflexion pendant longtemps.
Je sais que d’habitude, les gens font des bilans au nouvel an. J’ai décidé d’attendre mon anniversaire (qui est pour bientôt), et les cinq ans du blog pour me poser des questions, et surtout, pour vous les soumettre.
Aujourd’hui c’est ma vie de voyage qui me revient en tête. Et quand j’y penses…
- 24 ans depuis mon tout premier voyage, en Turquie, avec ma maman.
- presque 14 ans depuis mon départ pour mon année Erasmus en Irlande
- 6 ans depuis mon tout premier weekend solo à Bruxelles et mon premier voyage solo en club UCPA en Martinique.
- 6 ans également depuis le jour où tout a basculé, le jour où j’ai fait mon AVC (enfin, dans quelques mois)
- bientôt 5 ans depuis mon départ en tour du monde, et 4 ans depuis mon retour.
- au total, ce sont 17 pays visités (plus la Martinique et la Guadeloupe) et des dizaines d’amitiés créées. C’est plutôt pas mal je trouve.
- et cela fait cinq ans que je blogue, 5 ans que j’ai ouvert mon premier blog (rapatrié depuis sur Mart’in Trip) avec 148 articles publiés (en comptant celui-ci).
Alors pourquoi faire un bilan et en faire toute une réflexion?
Pour faire le point. Pour rejoindre un article sur le voyage en solitaire que j’ai toujours en brouillon mais que je n’ai jamais su mettre en forme, et que d’autres ont déjà beaucoup mieux écrit, comme Lucie, de Voyages et vagabondages.
Le voyage en solitaire, c’est bien. C’est même très bien. Tout le monde devrait en faire un au moins une fois dans sa vie. Mais au bout d’un moment, c’est fatigant. Usant. Pour l’esprit, pour le physique mais aussi pour l’âme.
Certaines personnes ne savent pas vivre seuls, d’autres, comme moi je crois, ne savent pas/plus vivre accompagnés. Et le voyage en solo ne fait rien pour arranger cet état de fait (ni la famille, ni les amis, ni la société en général en fait). Ce qui complique les choses pour réaliser certains rêves, des rêves de fille, plus « terre à terre ».
Si le voyage en solo nous permet de voir de quoi nous sommes capable, et de dépasser nos limites, il nous habitue également à vivre seul, à nous débrouiller seul, et se sortir de la panade seul. Bref, à être indépendant. Du coup, cette indépendance, on la ramène avec nous, et il est difficile de revenir dans un moule et de se réhabituer à la compagnie de sa famille, ses amis, les inconnus qui parlent la même langue que nous… Il faut réapprendre à demander des coups de main, et ce n’est pas toujours facile.
Alors je me pose une question, le voyage solo rend-il sauvage?
Ne plus supporter la foule, fuir les lieux surpeuplés, n’apprécier que les rencontres entre amis en groupe très restreint, ne plus vouloir quitter SON lit dans SA chambre SANS colocataire sur un lit superposé, sont autant de symptômes d’un voyage individuel que l’on remporte dans ses bagages.
Est-ce pour cela qu’à mon âge, je n’arrive toujours pas à rencontrer ma moitié? Est-ce pour cette raison que je n’ai plus envie de voyager avec qui que ce soit (ou du moins, que je suis super sélective)? Suis-je si indépendante que je fais fuir les hommes, comme on me l’a déjà dit? Je ne me lamente pas sur mon sort, car je considère que je suis plus heureuse seule que mal accompagnée. Et puis j’ai la chance de voyager! Mais je me pose des questions, des questions que d’autres se posent peut être aussi. Alors je les pose ici.
Pour mon anniversaire, je serai à New York. J’y rejoins une amie et ensuite j’irai à Boston. Un énième séjour en solitaire. Quoique pas totalement, puisque je serai hébergée.
Pour autant, je n’ai aucun regrets. Si c’était à refaire, je recommencerai tout mon parcours. Sans rien changer. J’aspire juste à de nouvelles expériences, mais surtout à pouvoir les partager avec quelqu’un qui s’y intéressera plus de cinq minutes.
Je n’étais pas sensé faire un AVC à mon âge, comme je n’étais pas sensée faire un tour du monde. On ne sait jamais ce qui peut nous arriver, ni le bon, ni le mauvais. Alors je reste positive et continue d’alterner l’envie de repartir sur les routes et celle de rester bien au chaud sous ma couette au milieu de mes montagnes. Le tout en essayant de me sociabiliser au maximum.
Et en attendant que la roue tourne, et comme la vie est courte, je voyage, et je profite, pour ne pas avoir de regrets.
Enfin, pour vous faire comprendre ce qu’il en est, voici une vidéo de Little Gypsy qui est à mourir de rire et tellement vrai! Enjoy!
Je dirai que le voyage en général rend sauvage. Quand tu te balades en Asie avec une petite fille toute mignonne, on te salue de tous les côtés. C’est génial, tu découvres une autre facette du pays. Et c’est épuisant.
Et puis tu rentres et personne n’en a rien à faire de ton voyage. Que c’est frustrant de ne pouvoir en parler, du coup j’ai du mal à écouter les autres.
Mais au fil des voyages, j’ai aussi pris conscience que nous sommes des sauvages qui peuvent appartenir à une tribu de sauvages : les voyageurs. J’ai peu d’amis voyageurs comme nous, mais il y a quelques mamans ainsi que des copains célibataires. Des gens avec qui on peut parler pendant des heures, qui ne vont pas dans les mêmes coins, avec qui je en voyagerais jamais, mais des gens comme nous (toi et moi).
Biz d’une ancienne voyageuse solo, qui a très brièvement testé le voyage en couple et qui ne voyage plus qu’en famille.
Joyeux anniversaire à toi et ton blog
Contente de voir que je ne suis pas la seule à fessentir ça. Merci!
La porte de ma tribu t’es grande ouverte ma belle !
Merci!!