Après le Caire et Louxor, voici venu le temps de mon récit de la croisière sur le Nil. Cinq jours de navigation et de visites. Prenez vous médicaments pour le mal de mer, et embarquez avec moi, c’est parti!
Edfou
Nous sommes partis la veille de Louxor, et avons navigué toute la nuit. Nous avons passé une écluse à Esna, je ne sais pas si certains seront resté éveillés assez longtemps pour jouir du spectacle, moi j’ai fait l’impasse.
Le réveil le lendemain est à nouveau très matinal. Nous partons de nuit du bateau pour embarquer dans des calèches sur les quais. Le guide nous averti : le paiement se fait au retour, et c’est deux euros par couple, pas plus, même si le cocher nous demande plus pour le cheval.
Nous prenons les rues sales et abîmées de la ville direction le Temple d’Edfou. Une fois passés les portiques de « sécurité », nous arrivons devant l’entrée du temple, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est mo-nu-men-tale.
Ce temple est le deuxième par sa taille après celui de Karnak. Il est très bien conservé. Il parait que c’est l’un des mieux conservé du pays en fait. Le temple d’Edfou est dédié au dieu Horus, le dieu à tête de faucon. Construit entre 300 et 50 avant J.C. (à la louche), ce temple reflète l’influence gréco-romaine de l’époque. Si on regarde bien les colonnes, elle ne sont plus papyrifomes, mais dans un style plutôt inspiré des temples romains ou grecs.
Pour la première fois, on remarque des traces noires au plafond de certaines salles. Le guide nous explique que lors de la persécution des chrétiens, au début du premier millénaire après J.C., ces derniers se sont retranchés dans des lieux comme celui-ci, et ont donc fait des feux pour se chauffer et se nourrir, ce qui a noirci les plafonds.
La sortie du temple est prolongée par un mini souk. Des vendeurs accostent les gens pour essayer de vendre leur babioles et de vous arnaquer (pas tous, mais certains). C’est oppressant. Et quand on y ajoute les gamins qui vous harcèlent pour vous vendre des bracelets, cela donne quelques pétages de plomb dans l’attente des calèches.
Nous remontons dans nos carrioles direction les quais et le bateau. Et ça ne loupe pas, après avoir donné chacun nos 2 euros (un peu plus pour moi vu que je n’avais que des livres égyptiennes), le cocher nous demande un peu plus pour le cheval.
Le temple de Kom Ombo
Une fois péniblement revenus au bateau, nous reprenons la navigation, direction Kom Ombo. Le temps de se goinfrer au buffet du bateau, de prendre le soleil sur le toit terrasse, et nous voilà prêt à visiter un auuuuuutre temple. Moi blasée? Pas du tout.
Kom ombo est en moins bon état que le temple d’Edfou. Mais il a quelques particularités intéressantes. Kom Ombo est un temple dédié non pas à un mais à deux dieux : Sobek, le dieu crocodile, l’autre à Haoeris, autrement dit, Horus. Une partie du site est pour l’un, l’autre partie pour l’autre.
Mais c’est ici que notre guide nous montre toute l’intelligence des égyptiens. Gravés dans la pierre, nous observons des hiéroglyphes spécifiques, qui ne représentent pas moins qu’un calendrier. Comme quoi, on n’a vraiment rien inventé. Sur les murs extérieurs, autre particularité. On peut y voir des gravures des instruments de chirurgie de l’époque.
C’est ici que notre guide nous montre encore toute l’étendue de sa passion pour ses ancêtres. Un autre guide se servait d’un laser pour pointer les choses à voir sur les murs. Notre guide ne s’est pas gêné pour lui rappeler que les lasers endommagent sérieusement les vestiges.
Au centre, petite particularité. Comme le temple de Kom Ombo est construit tout au bord du Nil, sur un rocher, un système avait été créé pour mesurer la montée des eaux : deux puits. Arrivée à un certain niveau dans le premier puits, l’eau se déversait par un trou dans le deuxième. La population savait alors qu’il fallait s’éloigner des berges, la crue ne tarderait pas à arriver. Enfin, moi c’est ce que j’ai compris. Peut-être que je me trompe.
Crocodiles Dundee
Encore une particularité de ce site : lors des fouilles, des dizaines de momies ont été retrouvées. Mais pas des momies d’hommes non, des momies de crocodiles. Ils sont exposés dans le petit musée situé à la sortie du temple. C’est impressionnant comme ils sont bien conservés, sachant qu’ils ont près de 2000 ans.
Encore des vendeurs ambulants à éviter. J’étais seule à la sortie du musée, je ne me suis pas attardée dans les rues pour revenir au bateau. Et spectacle qui laisse sans voix : une mère assise sur un muret, qui envoie ses enfants vendre ses babioles. Dur à voir, dur à croire.
De retour au bateau, nous reprenons la navigation. Une soirée orientale est organisée après le repas. L’occasion d’investir dans une djellaba haute en couleur. Et je confirme, c’est très agréable comme vêtement!
Une nuit encore à être bercés par les flots, c’est le temps qu’il nous faudra pour arriver jusqu’à Assouan.
Assouan
Dernière grande ville du sud de l’Égypte avec ses 250 000 habitants, Assouan la nubienne a de multiples visages.
Barrage et lac
Notre première sortie est pour le Haut barrage d’Assouan. Pour y aller, nous devons traverser l’ancien barrage d’Assouan, construit entre 1898 et 1902. Il a été construit dans le but de canaliser les crues du Nil et de produire de l’électricité. Mais très vite, il ne suffit plus. Et un plus grand fut construit un peu plus haut fin des années 1950.
Ces constructions ont eu pour effet de créer le lac Nasser. Immense il est, le lac Nasser. Avec sa création, le territoire Nubien a disparu, et des dizaines de temples de l’ancienne Égypte ont été engloutis. Certains ont été sauvés des eaux, comme le fameux le célèbre, le monumental temple Abu Simbel.
Si on peut prendre des photos du lac, il nous est interdit de prendre des photos des barrages, et les gardes armés situés aux entrées des routes ne donnent pas envie de passer outre cette interdiction.
La ville
Nous n’avons fait que la traverser. Mais rien que la vue sur la cathédrale donne le ton. Elle est gigantesque! Difficile à croire qu’il y a ai des églises aussi grandes dans un pays à majorité musulman. C’est d’ailleurs l’une de mes plus grandes frustrations de ce voyage : ne pas avoir pu visiter les églises et les mosquées du pays. Je suis persuadée que ça doit être majestueux!
Il y a aussi plusieurs musées que nous n’avons pas fait. Et qui ont l’air intéressant, comme le musée de la Nubie.
Nous, nous nous sommes d’abord arrêté dans un magasin fabricant de flacons de parfum et d’huile essentielles. Nous y dégustons un bon thé à la menthe et certains se laisseront tenter par leur boisson locale à base d’hibiscus. Ici aussi, on a le sentiment d’être une vache à lait. Mais pour acheter des huiles essentielles régulièrement, on va dire qu’en moyenne ça vaut quand même le coup (certaines sont un peu plus chère que chez nous, mais d’autres beaucoup moins). Surtout si on prend de grosses quantités.
Notre troisième arrêt est pour un magasin à épices. Là également, nos ailes de pigeons se déploient. Par contre, même s’il y a la qualité, le prix est pour moi prohibitif. Après ces achats, il est temps de rentrer manger au bateau.
L’île Éléphantine
L’après-midi, nous embarquons dans des bateaux pour nous rendre sur l‘île Eléphantine. Elle fût capitale de la Nubie et de la Haute Égypte. Il y reste quelques villages Nubien.
Nous y sommes accueillis dans une école. Et qui dit école, dit cours de langue. On nous donne une leçon d’alphabet arabe, puis nubien. Certains apprennent même à écrire leur Prénom en arabe. Je n’ose pas dire que je sais déjà écrire le mien vu que j’apprends (ou du moins j’essaie) l’arabe sur mon téléphone.
Bref, on rigole bien, et nous sommes ensuite conduit dans une cours où un goûter nous est offert. Je ne mange rien malheureusement, le repas du midi ne passe pas du tout. Pourtant ils avaient un miel noir qui, d’après mes compagnons de route, était délicieux. Dommage.
Ici, on élève des crocodiles. Du coup, la famille qui nous accueille fait tourner un bébé croco dans les mains des touristes. La mère est dans une fontaine à quelques mètres. C’est une chose à laquelle je n’adhère pas, je laisse le bébé passer dans d’autres mains, ça en fera une paire de moins.
Ici ce que l’on peut remarquer, ce sont les couleurs criardes. Si le monde arabe est friand des arabesques, des dorures et autres fioritures, ici la déco est plutôt simple et multicolore, et presque enfantine. On n’étale pas sa richesse monétaire, mais plutôt sa richesse culturelle. C’est spécial, mais pas moche.
Cette visite se termine. Nous remontons dans les barques et commençons le trajet retour, avec un arrêt en bord de plage, au pied des dunes, et des vendeurs du coin. Si certains essaient de trouver des souvenirs, je préfère m’échapper et tenter d’escalader les dunes pour faire des photos. C’est dur de marcher dans le sable! Surtout quand on doit faire attention aux crottes de chameaux.
Le soir, une sortie pour un spectacle sons et lumières au temple de Philae est organisé. Je n’y suis pas allé.
Encore une fois, j’ai été frustrée. J’aurais aimé rester plus longtemps visiter le village nubien. J’aurais aimé avoir plus d’histoires sur ce peuple. L’impression de n’être là que pour donner des billets est plus intense que jamais, et c’est énervant.
Retour au bateau, rumination des frustrations, et dodo très tôt car réveil nocturne le lendemain.
Abou Simbel
Absolument TOUT LE MONDE a déjà vu une photo d’Abou Simbel. Tous. En outre le fait qu’il soit monumental, ce site est connu pour avoir été découpé et déplacé 100 mètres plus haut en 1965, quand le deuxième barrage d’Assouan a été construit.
Le trajet
Près de quatre heures de route séparent Assouan d’Abu Simbel. Le site est à moins de 100 kilomètres de la frontière avec le Soudan. Avec un départ à 4h du matin, on a le temps de finir la nuit dans le bus. Nous faisons tout de même un arrêt au milieu du désert, dans un pseudo bar/resto en bord de route. On en profite pour faire des photos du lever du soleil.
Au milieu du désert poussent des champs sortis de nulle part, et des villes construites de la même manière. Le guide nous explique que pour diminuer les importations, le pays essaie d’augmenter ses cultures, et créé donc des canaux depuis le Nil jusqu’au milieu de nulle part, pour irriguer et fertiliser les terres. Bien évidemment, pour les cultiver il faut des agriculteurs, et du coup des villes sont montées de toutes pièces pour les loger, eux et leurs familles.
En dehors de ça, il n’y a rien. Que le désert.
La visite
Le site d’Abu Simbel se mérite. On n’arrive pas face à lui, vu qu’il est face au lac Nasser. Le guide a eu la gentillesse de nous faire son discours dans le bus, comme ça nous avons tout le temps pour nous pour visiter et profiter de ce lieux magistral.
Il fait un soleil radieux, il n’y a pas un nuage. C’est le temps idéal. Le long trajet n’a pas découragé les touristes. Nous sommes nombreux. Un peu trop à mon goût. On reconnait les instagrameurs à leur loooooooong squat des postes idéals à photo, l’un d’entre eux a même son petit personnel pour porter appareils photos et ordinateur.
Abu Simbel a deux temples côte à côte : le premier est dédié à Ramses II et au Dieu Amon, le deuxième est dédié à sa femme Nefertari et la déesse Athor. Lors de son transfert, il a été découpé en plusieurs milliers de morceaux pour être reconstruit totalement à l’identique. C’est à dire que même la tête tombée de l’une des statues à l’entrée est restée par terre.
Les temples (car il y en a deux) sont magnifiques. Il n’y a pas d’autres mots. Je pense que les photos parlent d’elles-même.
La vue sur le lac Nasser vaut également le coup. L’eau est si calme que certains se sentent assez à l’aise pour faire une séance de méditation au bord de l’eau.
De retour au bus, une autre vision nous fait revenir à la réalité assez rapidement. Des déchets entourent le site. C’est triste. Et c’est malheureusement comme ça dans tout le pays.
De retour à Assouan, et après être passé par le buffet du bateau, nous embarquons pour une balade en felouk, ces voiliers typiques d’Égypte. Un joli moment pour profiter des couleurs du coucher du soleil sur le Nil et clôturer cette croisière.
Retour à Louxor
Nous profitons d’une journée complète de navigation pour nous reposer. D’autres groupes ont embarqués avec nous à Assouan, nous faisons donc les mêmes arrêts à Edfou et Kom Ombo sur le trajet retour. C’est l’occasion pour moi pour prendre un peu de repos, de lire mes livres sur le toit terrasse et de profiter de la vue sur les rives du Nil.
Une fois amarrés à Louxor, deux sorties nous sont proposées, avant de reprendre l’avion le lendemain pour Le Caire.
La première sortie est pour le temple de Denderah, la deuxième est pour un tour en calèche dans le vrai Louxor, celui des habitants, non fréquenté par les touristes. J’opte pour la première, mais je m’abstient pour la deuxième. Un sentiment de voyeurisme m’a saisi à l’annonce de cette sortie, et avec l’aperçu de la pauvreté déjà eue lors de nos précédentes sorties, je n’ai pas vraiment envie d’en rajouter.
Le temple de Denderah
Denderah est situé à moins de 90 kilomètres de Louxor en direction du Nord. Il nous faut presque deux heures pour y aller en bus, en prenant les petites routes.
De prime abord, le temple est beaucoup plus petit que tous ceux que nous avons visité. Mais c’est un petit bijoux que je conseille vivement de prendre en option si vous en avez l’occasion. Les gravures sont nettes, mais surtout, ho oui surtout, les couleurs sont hyper vives! le bleu turquoise saute aux yeux, et on a du mal à croire qu’elles ont deux millénaires. Construit au premier siècle avant J.C., il est dédié à la déesse Athor.
Certaines parties sont martelées, ce serait les chrétiens en fuite lors persécutions qui s’en seraient pris aux symboles de l’ancienne Égypte.
La sortie est bordée de petites boutiques attrayantes, dans les quelles, encore une fois, je n’ai pas mis les pieds.
Cette visite valait largement le déplacement. Même si le prix me semble quand même un peu élever (60 euros).
L’après-midi la sortie en calèche est organisée. Et des retours que j’en ai eu, j’ai bien fait de ne pas y aller. La misère et la saleté étaient de mise et même s’il est toujours intéressant de sortir des sentiers touristiques pour voir la réalité de la vie, regarder la misère des uns avec le regard d’une privilégiée me met toujours mal à l’aise.
Fin du voyage
Le lendemain matin nous restons sur le bateau mais devons libérer les chambres pour 14h. Deux heures plus tard nous reprenons la direction de l’aéroport. C’est le moment de dire adieu à notre guide et à l’Égypte. Nous avons à nouveau des paniers repas pour le repas du soir. Beaucoup vont le manger sur le pouce et jeter les bouteilles d’eau avant de passer la sécurité. Ceux qui ont tout gardé…ont pu passer la sécurité sans problème…No comment.
Arrivés au Caire, notre groupe est éclaté : certains ont un vol à rejoindre pour rentrer directement en France. Nous sommes une douzaine à avoir opté pour une nuit supplémentaire sur place et un départ le lendemain.
Je fais mes derniers achats à l’aéroport, là où on n’est pas agressé par les vendeurs.
Le mot de la fin
Malgré mon aversion pour le voyage en groupe, malgré mon agoraphobie grandissante, j’ai réussit à prendre su moi et à survivre à ce voyage. J’ai fait des connaissances, j’ai bénéficié d’un bon guide. J’ai vu des choses magnifiques, j’ai réalisé un vieux rêve.
J’ai eu quelques appréhensions en allant dans ce pays. Niveau sécurité, L’Égypte n’a jamais été très stable. Et ça sans parler de ce qui se passe à la frontière est du pays. Pour autant, je n’ai pas spécialement craint pour ma vie ou pour mes poches. Pas plus qu’ailleurs du moins. Ce sont surtout les sollicitations permanentes qui m’ont le plus pesé.
Je pensais qu’une fois accompli ce voyage, je mettrais une croix sur ce pays genre « je l’ai fait c’est bon, je peux passer à autre chose ». Mais en fait j’ai vraiment envie d’y retourner pour voir le pays autrement qu’à travers la mythologie égyptienne. Voir l’Égypte moderne, arpenter les rues loin des touristes, visiter les mosquées et les églises (si possible).
L’Égypte, pays légendaire, empli de mythes et de mystères. Il effraie comme il fascine, mais une chose est sûre, une fois qu’on y a goûté, il est difficile de l’oublier.
Super que tu aies pu visiter le temple de Denderah. J’avais voulu y aller par mes propres moyens il y a 20 ans. J’avais bien trouvé un minibus qui y allait, mais avait été refoulé pour la police qui ne voulait pas à l’époque (c’est peut-être différent aujourd’hui) qu’un touriste y aille seul avec les transports locaux. Ça m’avait un peu agacé, mais bon, c’était les règles à l’époque.
Je me suis régalé à lire les récits de ton voyage en tout cas. Voyager en Égypte a toujours été un grand plaisir pour moi 🙂
C’est vrai qu’on a vu plein de mini bus et de taxis à Gizeh, mais pas à Denderah. Au retour on s’est fait arrêté par la police, qui a demandé un bakchich pour nous laisser prendre la voie rapide…C’est triste qu’on ne puisse pas voir leurs merveilles tout seul. Ils doivent perdre beaucoup de visiteurs chaque année!
Je suis ravie que mes textes t’aient plus. Être adoubée par le seigneur du kiffistan me rempli de bonheur! ;-p Malgré toutes les sollicitations, j’aimerais beaucoup y retourner pour en voir un peu plus et m’éloigner aussi des temples de l’Égypte ancienne. L’Égypte nouvelle a probablement de belles choses à offrir également!
c’est très intéressant ce que tu en dis, c’est une destination qui me tente beaucoup mais difficile de trouver la bonne formule de découverte
Il n’y en a pas je crois. Dans chaque formule il faut faire des compromis.