Nous sommes tous le con de quelqu’un d’autre

Nous sommes tous le con de quelqu’un d’autre.

Un article que j’ai envie de rédiger depuis des années mais que je n’ai jamais osé publier. De brouillon à déchet, il est passé par toutes les étapes. Aujourd’hui, j’ose enfin dire écrire tout haut ce que je penses tout bas. Tant pis si je passe pour une donneuse de leçon (mais sachez que ce n’ai pas le but, c’est juste une réflexion).

C’est une simple réflexion que j’ai eu quelque temps après être rentrée en France et avoir repris le travail. Quelque chose qui m’a frappé après coup, au retour de mon tour du monde.

L’être humain râle, et l’occidental est maître en la matière!

On a tous, un jour ou l’autre, critiqué quelqu’un. On a tous, à un moment donné, mal parlé de son voisin (et Dieu sait que j’en ai eu des voisins chiants). Mais voilà, si râler conserve, médire me fatigue. Pourtant, je dois malheureusement admettre que je suis loin d’être la dernière dans ce sport.

Ne vous fiez pas aux apparences, je suis méchaaaaaaaaaaante (mais pas trop quand même)….

« Il n’avance pas avec son tacot », « regardes-là cette pouf en maillot », « quel gros blaireau qui se prend pour un beau gosse », « bonjour, merci, pardon, c’est trop te demander ducon? ». « Arrête de râler bordel, t’est en voyage en Australie, t’es pas contente? » ou bien « encore un américain qui se prend pour le roi du monde ». Autant de phrases qui m’ont traversé l’esprit pendant mes voyages. Et la liste n’est pas exhaustive…

AAARRRGGG!!! Tu veux ma photo banane?

Pourtant, quand j’étais en tour du monde, mon esprit a changé, progressivement. J’étais en mode « découverte », alors j’étais plus occupée à ouvrir les yeux sur le reste du monde qu’à épier et juger les faits et gestes des personnes qui m’entouraient.

Les « cet homme est crade » se transformaient en « il n’a peut-être pas de maison pour se laver« , ou bien « Mais qu’elle est conne, pourquoi elle ne fait pas ça comme ça? Moi je l’aurai fait à sa place » se terminaient en « elle n’a peut-être pas d’autres choix, elle« . Mon niveau de tolérance n’avait jamais été aussi haut, et je passais plus de temps à chercher des excuses aux gens qu’à les juger. Bref, j’avais (presque) enfin arrêté de râler. Et qu’est-ce que ça faisait du bien!

Alors, soyons honnête, je n’ai pas arrêté tout bonnement de critiquer les gens. Celles qui mangent des chips à côté de mon oreiller à 2h du mat dans une auberge de jeunesse australienne, ou les mecs qui laissent leurs ordures un peu partout dans la nature ou les lieux publics aux USA (ou ailleurs, on est bien d’accord) m’exaspèrent toujours autant et en tant que bonne française, je ne me suis pas privée de les insulter intérieurement et de leur casser du sucre sur le dos.  Mais voilà, le voyage ouvre les yeux, l’esprit et nous fait la plupart du temps relativiser, souvent comprendre et même parfois pardonner. On se surprend alors à regarder les gens et leurs faits et gestes d’une autre manière, non pas comme usager, mais comme analyste. Et plutôt que de juger, on invente des théories sur les comment des pourquoi.

Qui osera dire que je ne suis pas un ange????? (humour, c’est de l’humour… je précise on sait jamais)

Et on réalise au final que cette façon de penser nous aide à vivre plus sereinement. Moins de méchanceté dans l’esprit, moins de venin dans la bouche et le cœur est plus léger. Son estime de soi plus facile à porter. Alors, on se sent réellement BIEN.

Mais cette « plénitude » n’est que de courte durée.

Le retour au bercail, les soucis qui vont avec, la reprise du boulot vous remettent tout de suite dans le bain.

Quand bien même on essaie de minimiser ses propos, d’éviter les jugements hâtifs, le « naturel » revient au galop, et notre (ma?) langue fourchue se remet à battre le palais. J’ai beau tenter de lutter contre ça, et contre moi-même, il est difficile de ne pas critiquer ni râler. Pour moi, qui ai énormément été critiquée et insultée étant jeune, c’est juste pas normal.

Alors dans ces moments de réflexion, je me dis que moi aussi, j’ai été le con (ou le boulet) de quelqu’un d’autre à un moment donné.

Comme par exemple quand j’ai transmis mon sentiment de peur à cette française au Pérou (note pour tout de suite, il faudrait vraiment que j’apprenne à la fermer de temps en temps). Ou bien quand j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps au Chili parce que j’avais dû annuler une carte bancaire pour cause de vol du numéro et tentative de vol sur mon compte. On a sûrement dû me critiquer aussi quand je ne voyais pas les dauphins en Nouvelle-Zélande pour nager avec. Ou bien quand je n’ai pas pensé à aller voir au bureau des objets trouvés du Machu Picchu lorsque j’y avait perdu mon appareil photo à l’entrée ( retrouvez-moi sous le hashtag #bouletforever).

Machu Picchu, pérou

Je prends donc la résolution, à chaque fois, de retourner à mes bonnes habitudes de voyageuse, d’arrêter de baver sur tout et tout le monde à tout va. Mais l’environnement ne s’y prête pas. Il y aura toujours quelqu’un, quelque chose pour me pousser à le faire. Je ne dis pas que c’est la faute « des autres », car je suis seule maître de mon esprit et de mes paroles. Mais faut avouer que c’est dur de résister quand tout le monde autour de vous fait pareil.

Mais je n’arrête pas les introspections pour autant. Je fais des progrès. J’arrive à tenir quelques heures, quelques jours parfois, sans cracher mon venin. C’est dur, mais j’y travaille. Encore et encore. Je n’arriverai probablement jamais à arrêter. Mais je n’arrêterai jamais non plus de m’auto-analyser, et de faire des introspections (même si personne d’autre [ok, peut être pas personne, mais pas ceux qui en auraient réellement besoin] n’en fait [et que ça, ça commence légèrement à m’énerver]).

Parce que je sais, que quelque part, un jour ou l’autre, nous serons tous le con de quelqu’un d’autre.

PS: j’ai essayé de mettre une photo de serpent pour illustrer mon article, mais rien qu’en photo, ils me donnent des frissons. Alors j’ai renoncé. J’espère que vous serez compréhensifs…..

4 commentaires sur “Nous sommes tous le con de quelqu’un d’autre

  1. Il y a quelque temps j’avais entrepris la lecture du livre « j’arrête de râler ». Je ne te conseille pas de l’acheter, car seul le premier tiers est intéressant. Mais essaye de voir si tu ne peux pas mettre la main dessus. Elle présente de façon très intéressante nos façons de râler et indirectement de critiquer.
    Alors depuis je râle toujours, mais un peu moins. Non pas que je parle moins, juste que j’ai appris à dire autre chose au moment venu.

    1. Haha. Je l’ai vu et j’ai hésité à le prendre. Je m’étais dit à l’époque que mes voyages seraient aussi efficaces qu’un bouquin. Malheureusement je ne voyage pas assez longtemps pour arrêter de râler. En fait cet article est plus un coup de gueule contre ceux qui ne se remettent jamais en question. Je rale beaucoup mais je sais que je suis loin d’être parfaite. D’autres n’ont pas cette vision et de ce fait font toujours passer les autres pour des cons, et ça, ça me fatigue.

      1. C’est vrai que certaines personnes ne cessent jamais de critiquer et ne se remettent pas en cause. Voir même quand on leur fait une remarque comme quoi ils font la même chose que ce qu’ils critiquent, te répondent « mais moi, c’est pas pareil »….
        Bon l’inconvénient du livre, c’est qu’il m’a rendu encore plus consciente des gens qui râlent, critiquent, insultent autour de moi. Au début c’était un peu déprimant.

        1. Ah ouai? Bon, je vais pas l’acheter alors. Je l’emprunterai au pire. Je comprends que ça puisse être déprimant. C’est ce que je ressent aussi quand j’entends les autres se plaindre (et que du coup, je fais pareil)…Merci de ton avis en tout cas!

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