Martine le retour…. A la maison : ou l’autre définition de la petite dépression.

On peut dire ce qu’on veut, quand on revient d’un tour du monde, on a forcément changé. On se sent pourtant la même, on reconnait les paysages dans la voiture qui nous ramène à la maison depuis l’aéroport, on reconnait les personnes qui nous accueillent à bras grands ouverts à la maison, on se rappelle ce que c’est que de serrer sa petite nièce dans ses bras. Mais au fond, on a changé. Tout a beau être pareil, ce n’est plus vraiment comme avant.

Le retour à la vie sédentaire n’est pas si évident. Bien sûr on apprécie de ne plus bouger tous les trois jours, de ne plus stresser parce que le bus est en retard pour prendre notre avion, on mange de bons petits plats maisons (et on les apprécie d’autant plus quand sa maman est un cordon bleu !), on dort dans un lit confortable… Mais on s’aperçoit vite que l’on a laissé quelque chose derrière soit : le grand plaisir des situations ultra confortables.

On revient changé aussi parce qu’on l’a fait. On est parti, on a osé le voyage au long court en solo, on s’est débrouillé pour visiter, se déplacer, manger, se faire des amis, se faire comprendre dans une autre langue, même avoir de longues conversations sur des sujets d’actualité, on a fait et défait ses sacs de voyages autant de fois que ce qu’on a pris de douches (parfois même plus souvent), et plus que tout, on est revenu en vie, de ce périple que certains considéraient comme un départ pour l’enfer et une erreur monumentale…

Pendant 11 mois, (ou moins, ou plus), on a vu des paysages plus magnifiques les uns que les autres. Des couleurs que l’on n’aurait jamais pensé se voir offrir par la nature, on a goûté des plats typiques, mangé des sandwichs et des hamburgers plus que de raison, on a perdu toutes ces calories en faisant des heures et des heures de randonnées et de marches dans les grandes villes visitées. On a assouvie des envies, réalisé des rêves d’enfants, on a rencontré des gens super, on s’est perdu au coin d’une rue, loupé un carrefour en voiture, monté dans un bus avec un chauffeur pas très catholique, personnellement, j’ai même eu droit au piratage de carte bancaire et à un accident de voiture. Chaque jour avait son lot de surprises et on a pris gout à cette imprévisibilité des choses, même si les surprises n’étaient pas toujours de bon gout.

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Alors forcément, quand  on rentre à la maison, que l’on retrouve le rythme du métro-boulot-dodo (dans mon cas c’est plutôt marche-boulot -dodo), on perd ses repères de routard et on a du mal à retrouver ceux du commun des sédentaires.

La dépression post-tour du monde existe bel et bien. Même si elle n’est pas aussi flagrante et « dangereuse » qu’une dépression nerveuse classique. C’est ce sentiment de ne pas savoir quoi faire de ses journées, cette envie de bouger loin, sans pouvoir l’assouvir. On n’a plus rien à planifier, plus de timing à respecter, plus d’avion, de train ou de bus à prendre. Plus rien à visiter. On ne rencontre plus de nouvelles têtes chaque matin. C’est le vide (presque) total.

Alors oui, on retrouve ses amis, un à un. Mais ils ont vécu sans nous et on a du mal à reprendre ses marques dans ce groupe si soudé. Même s’ils vous ont suivi durant votre périple, ils n’étaient pas là, avec nous, et nous n’étions pas là pour les voir évoluer. Des mariages se sont passés, des bébés sont nés, et on a tout manqué.

Puis aussi, tous les soirs on retrouve son petit chez soi. Oui, moi qui aime cuisiner, j’ai retrouvé mes plats, ma cuisine et mes ustensiles pour faire de bons petits gâteaux. Oui, j’étais contente de pouvoir remettre des jupes et de me sentir à nouveau une femme, et je n’ai jamais eu autant envie d’acheter des talons hauts et des produits de beauté (j’ai d’ailleurs un peu trop craqué sur les chaussures lors de mon dernier passage à San Francisco)! Mais les bourses sont minces après un tour du monde ! Alors on essaie de rester raisonnable (pas toujours évident quand notre frénésie du shopping a déjà été refrénée pendant un an…).

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Après, c’est le retour au travail. On retrouve les collègues de boulot, on retrouve son ordinateur, ses chefs… Les premiers jours, on passe presque plus de temps à parler de son voyage qu’à réellement travailler. Mais ça ne dure pas longtemps. On balance des banalités pour se débarrasser des gens, mais en réalité, il est difficile de parler d’un voyage comme ça. Comment expliquer aux autres ce qu’on a ressenti, ce qu’on a vu, vécu, apprécié, regretté ? Mais comment peuvent-ils comprendre ? Ils n’étaient pas là, ils n’ont pas fait de tour du monde. Oh bien sûr, il y a bien des gens qui aiment les voyages et qui sont allé aux mêmes endroits que vous (du moins, certains), mais hormis le plaisir de découvrir les villes et d’échanger des impressions sur quelques lieux, on ne peut échanger sur les sensations du voyage dans sa globalité (toi aussi t’as nagé avec les dauphins en Nouvelle-Zélande? toi aussi on t’a arnaqué au Pérou ? T’as pu voir aussi toute une famille de casoar en Australie ? T’as échappé à une tempête aux Etats-Unis ? Ton bus aussi il est tombé en panne au milieu de l’autoroute en pleine nuit en allant sur New York?) .

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Dans ces conditions, on se sent perdu(e), seul(e), on n’a plus guère envie de revoir les gens, on préfère rester comme on a été une bonne partie de l’année : en solitaire. De mon côté, j’ai repris du poids. 10 kilos dans la gueule ! Parce que j’ai arrêté de marcher. J’ai beau ne pas connaitre mon département, l’envie de partir l’explorer ne m’enchante guère. On a toujours mieux à voir ailleurs, plus loin là-bas, et comme on dit, c’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé.

On se pose plein de questions : pourquoi suis-je rentrée ? Pourquoi étais-je partie ? Est-ce que revenir c’est vraiment la vie que je veux ? Ai-je vraiment manqué tant que ça à mon entourage? Est-ce qu’ils m’ont vraiment manqué ? Comment on fait pour repartir rapidement ? Et surtout pour combien de temps ?…

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Reprendre pied est un peu difficile, mais pas impossible. L’amour de la famille et le soutiens des vrais amis aide particulièrement. Et petit à petit, au fil des soirées de rattrapage d’infos, on se remet en selle, on refait des projets, boulot ou vacances, on imagine déjà son prochain voyage, le plus dur maintenant étant de choisir la destination. On organise des soirées à thèmes, on fait visionner les photos et livres photos pour essayer de faire comprendre ce qu’on a vécu.

La seule chose au final que l’on retient c’est que l’on est la même personne, mais changée. On sait qui on est, on sait de quoi on est capable, et on sait un peu mieux ce que l’on veut. On ressort de ce genre d’expérience grandi et plus mature.

Je n’ai aucun regret. Si c’était à refaire, je repartirai dès maintenant. Je n’ai pas abandonné mes autres rêves, aussi bien professionnels que personnels. Moi aussi j’ai le syndrome de Cendrillon (vous savez, celui qui veut qu’on trouve un prince charmant et qu’on ait un mariage de princesse) et je veux des enfants. Je saurais juste mieux les adapter à mes envies de voyages. Si je ne devais changer qu’une chose, ce serait le billet tour du monde. Je prendrai un aller simple, pour ne pas avoir de contraintes de dates. Et peut-être qui sait, ne serai-je pas revenue au bout d’un an.

Alors si vous aussi, homme, femme, jeune, âgé, vous voulez vous lancer dans cette grande aventure qu’est le tour du monde, je n’ai qu’une chose à dire : GO GO GO GO GO GO !!!!!

Et pour ceux qui sont déjà partis et revenus, n’hésitez pas à me faire part de vos impressions à vous. Peut-être que mon expérience n’est pas le lot de tout le monde!

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