La Meuse historique : ou comment faire un voyage dans le temps (de guerre)

Il y a quelques semaines, je suis allée faire un tour dans la Meuse suite à l’invitation de Lucie du blog The Tiny Points. Je ne connaissais pas du tout, et j’ai beaucoup aimé ce séjour. Il y a beaucoup de choses à faire, à voir, et il y aura donc plusieurs articles sur cette destination. Parce que oui, elle le mérite. Pour entamer les « réjouissances », voici la Meuse à travers les sites liés à la première guerre mondiale. Certes ce n’est pas très gai, mais ça peut intéresser les fans d’histoire. Ou de la guerre.

Attention, décollage de la machine à remonter le temps imminent!

La butte Montsec

La première chose que je me suis dit en montant au monument de la butte Montsec, c’est que c’est bien un monument géré par le gouvernement américain: les bords de routes sont coupés court au millimètre, et une fois arrivée en haut, tout est propre tout est carré : Welcome in America. Car le monument de la butte Montsec est l’un des 11 monuments érigés en Europe par les USA en l’honneur des soldats américains tombés au combat durant la première guerre mondiale.

Sur ce site est célébré le courage des soldats ayant participé à l’offensive de Saint Mihiel du 12 au 16 septembre 1918. Ce site était un point stratégique de la région, tenu depuis 4 ans par les allemands. Étant donné que l’on y a une vue à 360° on comprend facilement son importance. La force déployée fût impressionnante (près de 500 000 soldats américains et 110 000 soldats français, plus les avions, plus l’artillerie etc…).

Le monument est impressionnant. Les énormes colonnes entourent une carte reconstituée du terrain avec des explications sur le déroulement de la bataille. Des bans sont disposés un peu plus bas pour offrir aux visiteurs des points de vue sur toute la région.

Le Mémorial 14-18 de Verdun

A quelques kilomètres de la ville de Verdun, un grand bâtiment a été érigé entre le fort de Douaumont et le fort de Vaux, tous deux théâtres de multiples attaques des deux camps. Cette zone, autour de la ville de Verdun, est particulièrement riche en sites « touristiques » de la première guerre. Rien d’étonnant vu que ce fût l’un des plus grand champ de bataille de l’époque.

L’entrée

L’entrée de ce mémorial est payante, et coûte 12 euro. Vous pouvez rajouter 4 euro supplémentaires par fort visité (Douaumont ou Vaux, ou les deux). Je n’étais pas sûre d’avoir le temps de les faire, je n’ai donc pris que le billet du musée. A l’entrée, vous pouvez accéder à une cafétéria et au magasin de « souvenirs » (qui a beaucoup, beaucoup de livres). Toutes les infos utiles sont sur leur site.

Le musée

J’ai trouvé que ce musée était très bien fait. Déjà, toutes les expositions sont présentées en français, en anglais mais aussi en allemand. Une manière de rappeler que dans une guerre, on se bat forcément contre quelqu’un. D’ailleurs, ce bâtiment a été partiellement financé par l’Allemagne.

Ensuite, je l’ai trouvé très intéressant et pas du tout assommoir. Il est très interactif. Des cartes en relief sont présentées et pendant quelques minutes des images projetées reconstituent une bataille ou bien une autre.

D’un autre côté, des artéfacts sont présentés dans des tiroirs qu’il faut tirer au fur et à mesure, mettant le visiteur à réelle contribution dans sa découverte.

musée WWI verdun

Là, un film avec effets sonores et jeux de lumière explique une autre bataille. Un peu plus loin, une exposition parle de la vie de famille durant la guerre. Une autre parle de la poste et de l’envoi du courrier. On y parle aussi des compagnies venues des colonies françaises, des avancées médicales effectuées pendant la guerre, du rôle des animaux, des armes utilisées etc…

Surtout, avec les explications des batailles, on comprend mieux la « réalité » du terrain : des millions d’obus ont transformés à jamais le paysage de Verdun et de ses environs avec ses millions de cratères.

musée WWI verdun

Exposition temporaire

A l’étage supérieur, on a accès à une terrasse, d’où l’on peut apercevoir l’ossuaire.

Juste avant l’exposition temporaire, des lunettes à réalité virtuelle nous emmènent en montgolfière explorer les environs de l’époque.

L’exposition actuelle concerne l’art pendant la guerre et l’art de la guerre (les peintures, pas le livre hein…). J’ai trouvé ça sympa, surtout que les dernières œuvres exposées concernent un artiste Syrien qui peint la guerre de son pays.

site WWI verdun

Cette visite plombe un peu le moral (la guerre c’est nul), mais j’ai beaucoup aimé, et je pense que c’est vraiment quelque chose à faire quand on est dans le coin.

Le village de Fleury-devant-Douaumont

Ce village que l’on traverse pour rejoindre l’Ossuaire depuis le mémorial est l’un des nombreux village de la zone du « Grand Verdun » totalement détruit en 1916 et jamais reconstruit.

Ici une chapelle a été dressée en mémoire de ce village. Ici, on se rend réellement compte des dégâts des obus et de la transformations du terrain. Tout n’est que cratères et monticules de terre. Là où se trouvait le boulanger, on trouve juste une borne. Pareil pour le bar, et les autres commerces. Poignant.

village détruit WWI

village détruit WWI

village détruit WWI

L’Ossuaire

L’ossuaire est un grand bâtiment construit exclusivement pour recevoir les restes des soldats tombés sur le champ de bataille et qui n’ont pas pu être identifiés. Il est entouré de milliers de tombes de soldats, eux, reconnus. Il n’est qu’à quelques kilomètres du Mémorial de Verdun.

De petites fenêtres sur les côtés permettent de « voir » ces ossements. Un peu comme les catacombes de Paris (même si je ne les ai jamais visité celles-là). Toutefois, c’est aussi un peu plus que ça : l’entrée à l’intérieur du bâtiment est payante, 6 euro. Cette entrée donne accès à un petit film retraçant l’histoire de la bataille de Verdun et de la construction de l’Ossuaire; puis au cloître. Cette grande salle longue de 137 mètres est composées de 22 alcôves représentant les 46 secteurs de combats de la bataille de Verdun.

Des plaques commémoratives tapissent les murs de ce cloitre. Une chapelle se situe sur le côté. Et puis il y a la tour, au centre du cloître. On y monte par des escaliers qui montent, montent, et montent encore. Heureusement, tout le long de la montée il y a des bancs sur le côté pour reprendre son souffle, et permettre de se croiser. D’en haut, on a une vue à 360° sur le cimetière et sur les champs de bataille.

tombes WWI

Une fois sorti, on tombe sur des champs de croix, il y en a des milliers. Il y a aussi une section particulière dédiée aux soldats musulmans tombés pour la patrie, ainsi qu’un monument aux morts dédié aux juifs.

tombes WWI

Le Saillant de Saint Mihiel

Quand j’ai pris la direction du saillant de Saint Mihiel, je n’avais pas compris qu’il ne s’agissait pas seulement d’un monument (hum hum…). Mais d’un lieu de plusieurs kilomètres carrés de tranchées. Il y a bien évidemment quelques monuments aux morts ici et là, mais il s’agit plutôt de sentiers de marche le long des tranchées françaises et allemandes à travers la forêt.

monuments WWI

Je n’étais donc pas prête psychologiquement à ça. J’ai toutefois emprunté les sentiers balisés pour entamer la visite des tranchées. On y voit les restes des fortifications qui y avaient été construites, d’un côté comme de l’autre. Mais me retrouver seule, au milieu des bois, au milieu des tranchées de l’une des guerres les plus horribles et meurtrières, j’avoue, j’ai pris un « ptit coup de flip », je ne suis donc pas allée bien loin.

Néanmoins, le peu que j’en ai vu m’a vite plongée dans une époque lointaine et donne une idée de l’enfer que devaient vivre les soldats, d’un camps comme de l’autre. Les tranchées des deux camps n’étaient qu’à quelques dizaines de mètres les unes des autres…

tranchées WWI

tranchées WWI tranchées WWI

tranchées WWI

tranchées WWI

La nécropole nationale d’Apremont-la-forêt (Marbotte)

Des nécropoles comme ça, il y en a des dizaines au bord des routes meusiennes. C’est totalement par hasard que je suis tombée sur celle d’Apremont-la-forêt, en me rendant à la butte Montsec.

Cette nécropole rassemble des centaines de tombes de soldats français tombés durant la guerre dans le secteur. Deux soldats russes y sont également inhumés.

Marbotte était le dernier village du coin à être traversé avant les tranchées et la bataille. Ce village fût en grande partie détruit, il servit d’hôpital de campagne. L’église qui fût le seul édifice à rester debout, servit de mouroir aux soldats gravement blessés.

tombes WWI

tombes WWI

Tous ces lieux ne sont qu’un échantillon de ce qu’il est possible de voir dans la Meuse. Les tranchées se suivaient sur des centaines de kilomètres, les lignes de front ne cessaient de changer en fonction des attaques des uns et des autres, et des avancées des armées, il y a donc pléthore de lieux à découvrir ici et là. La Meuse est une mine d’or pour les amateurs d’histoire et les passionnés de la grande guerre. Si vous êtes comme moi, toutes ces visites vous retourneront, car même si la Première Guerre Mondiale a eu lieu il y a maintenant un peu plus de cent ans, la guerre elle-même est toujours d’actualité, plus que jamais. Et il est triste de penser que l’homme ne finira jamais de trouver des moyens toujours plus horribles pour s’autodétruire. On dit qu’il faut connaitre le passé pour ne pas le répéter, il est démoralisant de voir que quand il s’agit de faire la guerre, cet adage n’est malheureusement jamais vrai.

A bon entendeur…

2 commentaires sur “La Meuse historique : ou comment faire un voyage dans le temps (de guerre)

    1. Merci! Oui, je n’imaginais pas qu’il y avait autant de choses à faire. pour les prochains articles, va falloir patienter. Je crois être arrivée au bout de ma lancée d’un article par semaine….

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